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politiques, l’acte en lui-même demeure justiciable de l’histoire et de la morale, qui ne l’amnistieront jamais. La Commune nous apparaît aujourd’hui telle que nous l’avons contemplée à la lueur des incendies allumés par elle : un accès d’envie furieuse et d’épilepsie sociale. Ceux qui menèrent le branle de cette destruction n’eurent même pas la franchise de leurs instincts ; ils furent hypocrites. Sous prétexte de défendre la république que nul n’attaquait, ils assassinèrent, le 18 mars, le vieux républicain Clément Thomas ; sous prétexte de donner une leçon de patriotisme à nos généraux et à l’Assemblée nationale, ils tentèrent, le 29 mai, de livrer le fort de Vincennes aux Allemands victorieux toute la Commune est contenue entre ces deux dates et entre ces deux faits ; l’intervalle n’est rempli que de crimes. « Il n’est point de pouvoir qu’on ne puisse accuser, a dit Charles Nodier ; il n’est point de révolte qu’on ne puisse défendre ; » s’il avait été le témoin de la Commune, il n’aurait point ainsi parlé, car dans cette révolte il n’y eut rien qui ne fût condamnable. La présence de l’ennemi sur notre sol bouleversé par les défaites la rendait sacrilège ; la façon dont elle fut conduite la rend grotesque ; les crimes au milieu desquels elle s’effondra, l’ont rendue odieuse. Les gens qui la dirigeaient ont été d’une si intense nullité que, malgré le sang et le pétrole versés, il est impossible de les prendre au sérieux. Lorsque l’on étudie leur histoire, il faut se rappeler leurs forfaits, pour ne pas éclater de rire.

Cette opinion, dont la sévérité n’a rien d’excessif lorsque l’on se souvient des actes qui l’ont fait naitre, n’est plus de mise aujourd’hui. La Commune a trouvé des protecteurs et des apologistes. Les torts sont du côté de la légalité, du côté de Versailles, comme l’on dit le droit est devenu criminel, la révolte est devenue sacrée. L’assassinat des généraux sur les buttes