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aujourd’hui ; il faut de plus puissants ressorts pour les remuer dans leur apathie politique. Eh bien ! milord, c’est donc au nom de la province de Québec que je vous demande ici justice. Une foule d’infortunés plongés dans cette colonie dans les abîmes de l’humiliation et dans le centre des horreurs de l’indigence par la tyrannie ; une foule de familles, privées de leur soutiens, ou par la fuite précipitée et forcée de leurs enfants, ou par la mort lentement amenée de leurs chefs, attendent leur vengeance civile de la mienne. Si le gouvernement me la renie, malgré les avances coûteuses que je fais pour l’obtenir, comment pourraient se flatter d’un plus heureux sort des malheureux qu’on a réduits à une impuissance totale ? S’il n’y a pas plus de justice à espérer à Londres qu’à Québec, quel sera leur désespoir ? Jusqu’à quel degré peut prendre l’essor et se porter le ressentiment de tout un peuple opprimé par un député et par les chefs ? Voilà, milord, le vrai point de vue sous lequel doit être considérée ma malheureuse affaire : ma cause, je le répète, est la cause de toute la province de Québec et les sentiments qu’un déni de justice doit faire naître dans un particulier tyrannisé ne peuvent manquer de devenir les sentiments de tout un peuple, qui gémissant sous le poids actuel des mêmes oppressions, en viendrait comme lui à être destitué de tout remède. Pour la gloire de votre ministère, je souhaite que l’