Page:Du Calvet - Appel à la justice de l'État, 1784.djvu/73

Cette page n’a pas encore été corrigée

é, minée par les calamités d’une longue et douloureuse captivité, chancèle : ma fortune, dilapidée par les marauderies déchaînées contre moi à Québec et par les consommations dispendieuses qu’a absorbées mon séjour, jusqu’ici infructueux, de sept mois révolus à Londres, tombe encore tous les jours en ruines sur les lieux, par l’absence de l’œil du maître. Temporiser est donc évidemment viser à la sourdine à soustraire l’oppresseur aux poursuites légales, ou par l’extinction inévitable des ressources de l’opprimé, ou par l’annihilation de son existence même ; voie ténébreuse de l’injustice, encore plus désolante qu’un déni formel de justice.

Voilà, Milord, ce qui m’autorise à déclarer ici hautement, à la face de toute l’Angleterre, que tant qu’il me restera un souffle de vie, je le mettrai en œuvre pour faire retentir tous les échos de cette capitale, de ma réclamation de la justice prompte de l’État. La loi, Milord, la loi seule et sans détour, voilà l’objet unique de mon ambition. Si je l’ai violée, eh bien, je viens de tout mon cœur dévouer ma tête à sa vengeance ; mais si la transgression est le lot de mon persécuteur, ce n’est pas son sang à qui j’en veux ; non : du fond de mon âme, je lui pardonne d’avoir attenté à verser le mien, goutte à goutte, par l’amas, les lenteurs et le choix des tortures raffinées. Qu’il vive, au nom de l’humanité ; j’y souscris affectueusement ; mais que la faveur ne suspende pas le cours de la justice ; et