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faits. Vous m’avez confiné sans pitié, pendant 948 jours, dans les horreurs et les douleurs cuisantes d’une infâme prison : vous avez livré au pillage la brillante fortune dont je jouissais, à la gloire de ma droiture, comme le fruit mérité de mon industrie et de mes travaux : vous avez fait jouer toutes sortes de ressorts pour entamer et détruire mon honneur, quoique sans succès et à votre honte : en vain les plus honnêtes gens de la province offraient leurs fortunes et leurs personnes pour garant de mon innocence passée et à venir ; en vain je réclamais juridiquement mon jugement ; en vain j’insistais à grands cris d’être transporté en Angleterre, pour y être livré à toute la rigueur des lois ; si je les avais violées. Non ; votre barbare cœur s’est montré inexorable à toute demande judicielle. Ce n’est point la justice ni ma justification que vos passions voulaient ; elles ne respiraient que ma destruction ; et ma captivité prolongée pouvait seule en être le triste prélude et l’incontestable garant.

Elle a cessé enfin cette captivité ; mais ce n’a été que quand des infirmités accumulées ont fait justement présumer qu’elles me creuseraient d’elles-mêmes et sans éclat mon tombeau : au moins en finissant a-t-elle été marquée des mêmes traits de noirceur, qui avaient signalé ses commencements. Mon honneur offensé demandait que ce fût la voix de la Justice qui prononçât mon élargissement : je m’obstinais donc à rester dans