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abattre les tyrans : mai je n’ai déjà dit, Milord, les morts ne savent ni attaquer ni se défendre ; et c’est renverser l’ordre de la nature et les lois de la raison que les charger d’un office qui n’est que du ressort des vivants. On a abusé du nom sacré de la justice et prostitué les plus précieux droits en faisant main basse, durant les jours ténébreux de ma lugubre captivité, sur les riches effets de mes magasins et de mes domaines : heureusement on n’a pu qu’entamer, sans ruiner tout à fait ma belle maison de Montréal et mes terres seigneuriales : attendrait-on que j’eusse dissiper le prix de ces ressources atténuées à préparer ma défense pour me laisser libres les voies de cette défense même, quand je ne serais plus dans la passe de fournir aux frais ? Pratique basse, lâche supercherie bien digne d’un général Haldimand ! mais serait-elle assortie à la dignité et à la vertu de l’Angleterre qui se glorifie de n’avoir pour premier souverain, toujours respecté, toujours obéi, que les lois ?

Ah ! Milord, cette tache imprimée à la gloire de l’Angleterre, en suspendant le cours de la justice, en faveur d’un bourreau masqué en gouverneur, je la pressentissais quand je prenais la liberté de représenter sans façon à votre seigneurie l’élévation de ce gouverneur travesti, sa fortune, ses protections, contre lesquelles avait à lutter la modicité de mes circonstances ; je l’annonçais d’avance, en termes bien intelligibles