caprices ou de ses passions : mais après quelques mois de détention, il fallait sauver les apparences et justifier la violence aux yeux de tout un peuple, scandalisé de l’emprisonnement d’un ancien magistrat dans la colonie. On crut y réussir en laissant entre les mains de M. du Calvet la voie presque ouverte pour recouvrer la liberté. Sa prison fut souvent très-mal gardée au dehors ; au dedans, les fenêtres de sa chambre n’étaient exhaussées que d’environ une toile et demi au dessus du jardin : aucune barricade n’en défendait la sortie. On s’imagina qu’à force de tortures et d’oppressions, on le réduirait à prendre le parti d’une fuite, qui était tout à son choix : mais il n’eut garde de donner dans le piège tendu et de fournir à ses ennemis des armes contre son innocence. Il souffrit tout constamment, résolu et déclarant ouvertement sa résolution de faire tout punir par la loi. Témoin de cette inébranlable fermeté, on leva enfin le masque.
Le 2 mai de l’année 1783, c’est à dire deux ans et huit mois depuis la détention, M. Prenties, prévôt martial, se rendit officiellement dans la prison de M. du Calvet, pour lui signifier à la militaire que ses fers étaient brisés, par voie de fait, et qu’il était désormais libre. Le prisonnier dédaigna hautement d’une liberté que l’oracle même de la justice légale n’aurait pas prononcé de sa propre bouche : mais c’était la force qui avait signalé les prémisses de son emprisonnement ; ce fut la force dont on emprunta le ministère pour en marquer l’époque