couleurs naturelles dans le mémoire du prisonnier, imprimé depuis peu en un volume de 284 pages. L’échantillon suivant suffira pour donner ici une esquisse de l’ensemble.
Le père Berry décréta d’abord que M. du Calvet serait claquemuré dans l’infirmerie, c’est à dire dans le cloaque général où les moines, périodiquement, et quelques fois par bandes, venaient, dans les jours fréquents de leurs infirmités et de leurs purgations, se décharger de l’amas de leurs ordures : mais, comme si ce n’était pas assez de l’infection de ces Récollets à la lessive, on plaça successivement dans l’appartement supérieur à celui de M. du Calvet, deux fous, qui, depuis les premiers jours d’avril jusqu’à la fin d’août, dans les accès de leur frénésie, ne lui laissaient, nuit et jour, pas un seul moment de tranquillité et de repos. Ce vacarme assommant et éternel était ce que le père Berry, dans ces humeurs outrageusement enjouées, appelait le bal, dont le gouvernement, par voie de passe-temps, régalait par députés les oreilles du prisonnier.
C’est ainsi que ce moine endurci se faisait un jeu barbare des douleurs d’un malheureux : mais voici le comble de l’abomination : les excréments dont ces deux furieux inondaient leur plancher se dissolvaient en une pluie empoisonnante, qui, par les crevasses, découlait quelquefois à torrent dans la chambre de M. du Calvet, sans que le père Berry voulut jamais condescendre, que, durant l’espace de plus de