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Majesté et à celui de votre seigneurie. Ces messieurs, les législateurs, se glorifient dans la conclusion de la lettre, de convoyer aux pieds du trône les véritables sentiments de leurs compatriotes ; et à quel titre s’arrogent-ils l’autorité de s’expliquer au nom de tout le Canada ? Ont-ils été élus par les suffrages de la province ? et en vertu de cette élection, sont-ils invertis du droit de se réclamer ses représentants ? Non ; ils ne sont que les créatures du gouverneur ; mais les créatures d’un gouverneur tyran ne peuvent être que de bien infidèles interprètes d’un peuple libre, ou du moins qui désirerait de l’être. Ont-ils du moins recueilli solennellement les suffrages respectifs de leurs concitoyens avant de les faire ainsi parler ? Non ; c’est donc une supercherie manifeste pour en imposer à la bonne foi de Sa Majesté et lui faire envisager, comme le sentiment général de toute la province de Québec, l’opinion de quelques particuliers qui sans titre osent s’ériger en corps général de ses enfants. Je me propose de mettre en mains propres de notre auguste souverain un exemplaire de cet écrit : mais un monarque consacré à l’administration de tout un grand royaume n’a que peu de moments pour des mémoires particuliers : c’est vous, milord, votre droiture, votre probité, que le Canada réclame ici, par ma bouche, pour instruire Sa Majesté que l’adresse nouvellement arrivée du Canada n’est que l’adresse de douze conseillers isolés, individualisés et bien individualisés, contre