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du don prophétique, je soutiens hardiment que c’est à la bonté des lois à former les bons administrateurs publics : la vertu de ces derniers tient si fort à la chance et à la casualité, qu’on ne peut raisonnablement s’en rapporter à elle, sur le bonheur de tout un peuple : mais la vertu de la loi est fixe ; elle règne en dépit de l’iniquité des conducteurs, et les peuples sont heureux. Elle n’est pas, il est vrai, à l’abri de la transgression ; mais la transgression d’une loi (j’entends une loi fondamentale, constitutionnelle, et de gouvernement, dont il est ici question) appelle tous le corps du peuple à la vengeance, ou pour le renversement du violateur, ou pour une révolution totale. Cette doctrine, fondée sur la nature du contrat social, est, à titre spécial, sacrée en Angleterre ; car elle a été l’âme de cette grande et mémorable révolution, qui l’a décidée pour jamais, (au moins faut-il l’espérer ainsi) l’empire de la loi, c’est-à-dire de la liberté ; car celle-ci est la fille naturelle et légitime de la première : c’est sur ces grandes leçons, Messieurs, que vous ne pouvez faire aucun fond sur toutes les concessions particulières que pourraient vous dispenser aujourd’hui des mains subalternes, autorisées conséquemment à s’en ressaisir, à caprices, dès demain : la loi, Messieurs, le sceau de la loi, qui consacre à jamais la forme de gouvernement dont votre choix aura décidé, voilà le lien seul qui peut attacher invariablement vous au bonheur, et le bonheur à vous : c’est