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haut la main, vos intérêts, et de plaider éloquemment votre cause auprès du trône et du sénat. À l’ombre d’une si respectable protection, vous deviendriez respectables et redoutables même à vos gouverneurs, qui n’auraient guère alors les idées tournées vers l’oppression, quand ils sauraient que, pour vous opprimer avec succès et avec impunité, ils auraient toute la force de l’autorité parlementaire à combattre et à vaincre : vous seriez alors trop forts pour tomber en victimes de leur faiblesse.

D’ailleurs, ces gouverneurs, d’après le génie national, seraient peut-être susceptibles des suggestions de l’ambition, avide de cette représentation active dans le sénat ; vous auriez, sous la main de votre reconnaissance, des honneurs civils, pour payer les bienfaits dont une douce et bienfaisante administration pourrait vous gratifier : voilà un appas suffisant pour convertir en gouverneur facile, généreux, et bénin, le despote, d’inclination naturelle, plus hautain et le plus superbe, et de faire d’un général Haldimand même, un autre Chevalier de Savile, hélas ! malheureusement pour vous et pour moi, enlevé depuis peu à la gloire et à la vertu de la nation, au milieu de qui sa mémoire ne mourra jamais. Au reste, Messieurs, que la modestie de vos sentiments ne vienne pas ici en imposer à la timidité de vos prétentions ; peut-être qu’une triste expérience a appris à l’Angleterre que la plus sage politique, pour