votre gouvernement, est donc intitulé à vous taxer, au moins médiatement ; misérable distinction, qui n’en relève pas plus vos droits, en n’épargnant pas mieux vos bourses : et vous n’êtes pas effarouchés d’un pareil taxateur, avec tant de droits, dont il serait armé pour vous effarer !
Mais voici une circonstance bien glorieuse, qui différencierait bien la taxe à votre avantage, si elle était statuée par une assemblée formée de vos représentants ; ce serait vous alors, qui auriez le plaisir et la gloire d’être en personne vos propres taxateurs : d’ailleurs ces représentants, subordonnés eux-mêmes à leurs propres injonctions, seraient avertis par leurs propres intérêts de ne pas vous surcharger d’un poids, qui, par un contrecoup nécessaire, réfléchirait sur eux-mêmes ; leur autorité s’étendrait encore à l’application de ces taxes, à la nature, réelle ou supposée, des besoins publics, qui donnent naissance à ces taxes. Que de places si frauduleusement entassées sur les mêmes têtes, à la dégradation de ces places mêmes, et à la ruine du public ! que de services purement nominaux, mais que trop réellement payés, malgré leur simple nominalité ! que de dépenses frivoles, extortionnelles, cruelles même, avancées par l’État, et qui exhaussent si fort la recette au-dessus du produit de la colonie ! Sous une assemblée qui passerait tout en revue, la main de l’économie réformatrice châtrerait bientôt ces rapines de l’avidité,