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faut d’être administrée sous les auspices de l’illustre et bienfaisante constitution d’Angleterre : Paris jugera vos héritages, mais Londres gouvernera vos personnes. Dans cette économie, votre bonheur sera de tout point accompli.

Voilà la pierre fondamentale sur qui doit être assis l’édifice nouveau de votre gouvernement. Mais ici, Messieurs, ne soyons pas dupes de l’ignorance dans le génie constitutionnel de notre patrie adoptive ; c’est la lettre, et la teneur seule de la lettre, qui, en législature anglaise, est revêtue de toute la force, toute l’autorité de la loi : les conséquences tirées, les interprétations suggérées, tout ce bel appareil qu’on appelle l'esprit de la loi, sont les plus beaux étalages du monde en dialectique et en logique ; mais dans les lois d’Angleterre, en fait de validité, ce ne sont là que de grands riens ; toute les explications ne sont que les interprétations arbitraires des individus : les Anglais ne sont pas si sots que de plier ainsi leur liberté sous l’arbitrage de quelques particuliers ; c’est la loi, et la loi seule, parlante et prononçante par elle-même qui les gouverne : respectons cette façon de raisonner en matière de gouvernement ; elle a été la règle de tous les peuples libres ; aux beaux jours de sa gloire et de sa vertu Rome n’en reconnaissait point d’autre. Souvenons-nous ici qu’une acception informe et de travers du terme lois françaises nous a coûté dix ans de la plus crucifiante servitude ;