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L’Acte de Guillaume III contre les étrangers, est encore plus improprement appliqué aux Canadiens : une foule d’étrangers, sous le règne de ce roi, étranger lui-même, inondait l’Angleterre et menaçait le Sénat d’en altérer l’esprit de la constitution, par l’intrusion d’une politique étrangère. Pour extirper cette altération, l’acte interdit aux étrangers les acquisitions et les introductions dans les places, les dignités publiques : l’interdiction est conséquente ; mais depuis quand les Canadiens sont-ils étrangers en Angleterre, aujourd’hui leur souveraine légitime et naturelle ? Ces étrangers intrus dans le Sénat, tout pairs d’Angleterre qu’ils avaient été créés, n’en relevaient pas moins de leurs souverains naturels, qui par les lois des nations pouvaient encore les réclamer. Patkul, ambassadeur du czar, fut condamné à être roué par Charles XII ; le rigide monarque put excéder dans la qualité du châtiment, mais non pas dans l’assomption de l’autorité en vertu de qui il l’infligeait. L’ambassadeur, malgré la décoration, n’en était pas moins le Livonien Patkul ; Charles XII s’en souvenait très-bien, et que trop peut-être : mais par les lois des nations la France n’a sur les Canadiens à réclamer aucune autorité, dont elle s’est solennellement dévêtit sur le roi d’Angleterre, aujourd’hui leur seul légitime souverain. Quoi ! ces Canadiens sont étrangers au milieu des domaines de leur Maître et de leur Père ? L’inconséquence est