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Il est le fils du premier ; c’est le droit de punir le souverain sur les pauvres sujets ; c’est-à-dire, que c’est en nature la loi du plus fort. Un droit marqué au coin de tant de violence et d’injustice ne saurait être justifié, que par les entraves de la plus indispensable nécessité : il meurt donc avec cette nécessité, qui finit elle-même avec la guerre, qui lui avait donné naissance ; car, quand les deux souverains, se donnant mutuellement les mains, se jurent une amitié réciproque, il serait contre la nature que le droit de punir des sujets survécu à leur réconciliation. Quelle est donc alors la destinée nationale et civile des peuples conquis ? Il faut remonter ici jusqu’à l’origine primitive des sociétés. Au sortir des mains de la nature, les hommes naissent tous égaux ; quand ils se formèrent en corps de sociétés nationales, ce fut de leurs choix que se dessaisissant de leur égalité naturelle, ils érigèrent une autorité générale, qui ne fut légitimée que par leur consentement formel et positif, comme elle l’est encore aujourd’hui par le consentement tacite et présumé de leurs descendants ; partez de ce principe, le seul en vertu de qui existe tous les gouvernements de l’univers ; par la conquête, les peuples conquis sont arrachés à la première autorité —"gubernatrice" sous qui ils vivaient ; c’est une nouvelle époque de société qui s’ouvre pour eux ; ils rentrent alors dans le premier droit dont jouirent tous les peuples à la fondation primitive des sociétés, de légitimer la