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plus solennels du triomphe des plus beaux droits, où enfin la volonté dépravée d’un homme règne seule à la place de la justice naturelle et civile, cette province, dis-je, n’est qu’une grande prison d’esclaves qui ne peuvent raisonnablement se promettre qu’une jouissance chancelante et précaire de leurs fortunes, de leur honneur et de leurs vies ; elle lutte donc contre un état violent de société dont par toutes les lois sociales elle est autorisée à secouer le joug et à s’en émanciper à tout prix ; oui, à tout prix. Un individu, en vertu du droit naturel de défense, est titré de frapper avec les mêmes armes dont on vise à le frapper ; la juste vengeance de tout un peuple s’étend à des prérogatives d’une étendue bien plus illimitée ; au nom de l’autorité primitive du contrat social, elle appelle, outre la punition des délits, la réinstauration des lois constitutionnelles, sous l’administration d’une judicature juste, libre, mais surtout respectée et obéie.

De la part du bill de Québec décrétant, on nous devait dans la province cette judicature armée de toute ses pièces, pour une sage exertion et un triomphe assuré : point du tout : on nous a fagoté une corporation judicielle emmagottée de tronçons mal-assortis et mal-unis, anglais et français, et qui, à cette corporation monstrueuse, n’est d’aucun pays de l’univers, excepté celui où l’on veut à tout prix que la tyrannie règne. Que signifient chez nous cette