Page:Du Calvet - Appel à la justice de l'État, 1784.djvu/195

Cette page n’a pas encore été corrigée
[   171   ]


terreur, qu’il imprime à Québec, a fait la traversée, jusques dans cette capitale. Le capitaine Brown, commandant le Tarleton, qui m’a amené ici, balançait de se rembarquer pour la province, sans l’original de mon passe-port, en vertu de qui j’en étais sorti légalement ; et il ne s’est rassuré sur la validité d’une copie légale, que sur les témoignages réitérés des docteurs de la loi. Quelques uns des nos messieurs, de retour chez eux, tremblaient de se charger de mon mémoire ; et en effet, au ton sur lequel le général Hal-

    À Montréal, le 24 juillet, 1783.

    « Enfin, Monsieur, je suis si fatigué de rester courbé sous le poids de la tyrannie de ce gouverneur, que je suis résolu, à quelque prix que cela soit, de m’en retirer, pour passer à Londres, pour essayer par les plus actifs efforst si je pourrai atteindre aux lois de la nation, que je réclame par honneur, pour obtenir justice de mon injuste, criante, et si horrible détention ; laquelle doit être regardée ainsi aux yeux de tous honnêtes individus du genre humain, et des nations les moins civilisées du globe. Voilà le sujet de mon voyage. À cet effet j’abandonne ici à la cupidité de mes ennemis tous mes biens-fonds quelconques ; aussi le reste du brigandage et du pillage de mes meubles de ménage, quelconques, et en général ; ainsi qu’une somme de 6695l. 18s. 3d. argen courant d’Halifax, qui m’est due par divers dans la province, dont mon emprisonnement, et les injustices que j’ai souffertes, sont cause que je perdrai les trois quarts. Je pars, je puis le dire, opur toute ressource ; pour ne pas rester esclave et exposé à être égorgé chez moi par le premier qui imagerait un prétexte. Je pars, dis-je, avec mon enfant, pour toute fortune, pour ne pas le laisser exposé à être la victime de l’iniquité qu’on exerce ici, etc.»

    Pierre du Calvet