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blioient-ils ces juges mal appris, le principe de loi si vulgaire, qu’il a dégénéré en proverbe, une [1]exception est une confirmation de la loi. Ah ! ces insensibles magistrats n’oubliaient pas ce premier axiome canonical mais un plus grand intérêt, que l’observation du droit civil était l’âme de leur décision : ces lois de police municipale, injonctives des corvées, ne sont autre chose que la volonté arbitraire du gouverneur, manifestée au Conseil législatif, forcé de plier sous les caprices du chef ; ils visaient donc à apprendre aux peuples, toujours dupes des apparences, de respecter à tout prix les moindres sons de la voix du gouverneur, jusques à marcher sur les cadavres sanglants de leurs femmes, et de leurs enfants, pour voler à l’obéissance ; système, marche du despotisme ! les mercenaires ! les esclaves cruels !

On n’a que trop bien réussi, à la faveur de ces artifices, à rendre ce despotisme formidable ; il y met tout généralement si fort à la gêne, il tient à tout si cruellement le pieds sur la gorge, que jusques sous les coups de son glaive tranchant, il faut ou se taire, ou périr[2], au premier soupir de l’oppression : la

  1. Exceptio confirmat regulam.Cujas & Bartole.
  2. C’est cette terreur qui m’a forcé de fuir à la hâte de la province, où ma vie n’était pas en sûreté, comme le prouve cet extrait d’une lettre écrite à mes amis, qui est tiré de mon mémoire, page 261.