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de son respect ? Ah ! je reconnais à ces traits le génie noble de la nation anglaise ; elle donne ici la plus belle idée de sa vertu, en payant ses hommages à la vertu du grand homme qui n’a été vainqueur, que pour devenir bienfaiteur. Le Canada n’aura-t-il jamais les mêmes remerciements à lui payer pour sa protection et ses bienfaits, au nom du moins de tant d’illustres français, qui viennent de faire envers des Anglais un si noble usage de leur victoire ?… Mais je ne fais ici que crayonner ; encore un coup de pinceau, cependant, pour l’embellissement, ou plutôt l’enlaidissement du portrait de ces indignes corvées.

À une époque antérieure à la précédente, un jeune époux, nouvellement enrôlé sous les lois de l’hyménée, s’était formé un établissement dans les territoires enfoncés, et à la lisière même des bois ; isolé de tout proche voisin, il vivait au sein de l’industrie et du travail, dans sa solitude, de compagnie avec son épouse qui composait alors toute sa famille : sa grossesse déjà fort avancée, et le manque de compagne adjudante, semblaient absoudre le mari de toute sujétion aux corvées, et en réclamer en sa faveur l’immunité : point du tout : il n’échappa pas à l’ordre inhumain du capitaine de milice de partir sur le champ, et de marcher, dans l’éloignement, aux travaux publics. C’était condamner la mère et le fruit à une destruction inévitable, par ce départ : au nom des