les prémices de notre naturalisation civile : à ce titre, le bill mérite le tribut de nos hommages et de notre reconnaissance, et nos cœurs ont bien su le lui payer : ce bill nous aurait élevés jusqu’au pinacle de la félicité nationale, si le pouvoir exécutif, ou de l’Angleterre ou de Québec, nous avait retracé dans la province une image parfaite, et nuancée de tous ses traits naturels de la jurisprudence française, mais sous l’administration éminente, sous les auspices et à l’ombre, toujours préservées, de la constitution d’Angleterre, que le parlement, par les limites constitutionnelles, prescrites à ses pouvoirs, ne pouvait pas nous enlever, et beaucoup moins y substituer une constitution étrangère, surtout mal entendue et mal conçue.
En effet, le Parlement d’Angleterre n’est pas le propriétaire, l’arbitre, le souverain de la constitution ; il n’en est que le défenseur et le gardien : cette constitution est l’apanage inaliénable du peuple ; mais le Canada constitue aujourd’hui une assez grande portion de l’empire britannique pour que ses enfants puissent réclamer, à titre, une part commune dans cet héritage national : et d’ailleurs, si 120 000 âmes sujettes de l’Angleterre, pouvaient, dans l’éloignement, être législativement privées de la constitution, quelques millions de plus devraient bien trembler pour elles dans cette île. De plus, notre naturalisation, notre incorporation nationale à l’Angleterre, a été proclamée solennellement