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ce rétrécissement de toutes les branches de commerce, de toutes les sources de richesses qu’elle répartissait libéralement à ses dépends sur toutes les colonies anglaises adjacentes. L’Angleterre a été dans la suite bien punie[1] de sa partialité libérale. Les Canadiens ne s’aveuglèrent, ne se méprirent pas sur les vues anticipées d’un dénombrement si captieux dans sa politique ; ils pénétrèrent très-bien que le gouvernement anglais ne visait d’avance, qu’à faire de tous ses colons un vil troupeau de laboureurs et d’indigents, qu’on pourrait gourmander en toute sûreté avec un sceptre de fer,

  1. Ticonderago, assigné à la province de New-York, ouvrit l’entrée du Canada au général Montgomery, qui descendit de plein pied jusqu’à Québec. Au dernier Traité de Paix, les colonies, en vertu du premier acte de possession, on réclamé la même étendu de terrain que leur avait assignée la ligne de démarcation : la nécessité de circonstances de l’État a forcé le ministère d’Angleterre à souscrire à leurs prétentions : par cette concession les Américains ne sont plus qu’à quelques lieues des murailles de Montréal, ville commandée et ouverte de toutes parts ; c’est-à-dire que sans l’institution d’un plan militaire, qui se développera dans la suite de cette lettre, le Canada peut être envahi et englouti tout entier, avant que la nouvelle même de l’invasion puisse atteindre l’Angleterre. Enfin tous les postes de traite et commerce avec les sauvages avaient été enclavés dans le district des colonies, en vertu de cette impolitique ligne : à la paix, tous ces postes sont restés à leur ancienne situation ; c’est-à-dire que pour faire revivre et refleurir l’ancien commerce du Canada avec toutes les nations indiennes, il n’est plus de ressource que d’élever des forts sur la côte occidentale qui lui reste. Il en coûtera bien du temps et des dépenses pour y réussir ; mais sans succès, de quel prix pourrait être le Canada ?