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pour faire taire et calmer des soupirs, qui, quoique partant de loin, peuvent devenir bien funestes à tout l’État. Puisse l’astre heureux de l’Angleterre et du Canada, réunis, amener cet évènement, et supprimer, dans ses causes fatales, une nouvelle révolution, qui se couve et s’avance à pas bien rapides et précipités ; car je viens maintenant à vous ; et c’est ici pour moi la partie la plus intéressante de cette lettre : mes intérêts, il est vrai, me sont chers ; c’est la nature elle-même, qui est la mère de cette tendresse ; mais le patriotisme, cette vertu, ou plutôt cet assemblage de vertus plus fortes quelquefois que la nature, dans les grandes âmes, a marqué dans mon cœur une place de distinction pour les vôtres. Tels sont les sentiments qui ont guidé jusqu’ici mes démarches, et réuni mes efforts. Si jamais je pouvais réclamer quelque part dans la gloire de finir les calamités qui écrasent notre pauvre colonie, votre bonheur seul me consolerait de toutes mes disgrâces. C’est animé de ce motif, que, la plainte à la bouche, je fais mon entrée dans l’investigation de la situation présente de la province de Québec.

Qu’il est triste d’être vaincu, s’il n’en coûtait que le sang qui arrose les champs de bataille ! À la vérité, la plaie serait bien profonde, bien douloureuse ; elle saignerait pour bien des années ; après tout, la révolution des temps la fermerait, la consoliderait à la fin : mais être condamné à sentir la