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remettent de leur vengeance, et c’est à elles à qui je devais être livré pour prononcer sur le délit de ma lettre. De quoi s’est avisé le général Haldimand de travestir en crime de lèse-majesté, une offense qui ne pouvait être tout au plus que de lèse-individualité, et de punir un prétendu offenseur particulier en criminel réel d’État ? Pourquoi m’enchaîner, durant le long cours de deux ans et demi, dans une prison au nom de l’État, qui n’avait rien à démêler dans l’insulte supposée ? Qu’il prépare, qu’il forge dans les ateliers ténébreux de sa fougueuse et vindicative imagination, pour ces questions, une solution claire et nette que la judicature d’Angleterre doit réclamer pour sa justification ! Je l’en défie.

Mais sur quelles lois s’est-il fondé pour s’ériger ainsi en vengeur absolu dans sa propre cause ? Est-ce sur les lois de France ? Mais nul gouverneur des colonies françaises, qui osa venger par une captivité de deux ans et demi un disrespect contre sa personne, sans l’interposition de la judicature de la colonie, à qui, dans vingt-quatre heures, il doit rendre compte de toutes les voies de fait dont il pourrait s’aviser : s’il venait à s’arroger une autorité, dont la constitution de l’État ne l’investit pas, le parlement de Paris, qui est le parlement d’adjudication pour les colonies, prendrait fait et cause en main en faveur de l’opprimé contre l’usurpateur ; il le sommerait jusqu’au milieu de sa garde de comparaître à la cour, ou en