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le Dimanche suivant, 10 décembre 1780, au château de St-Louis, par le gouverneur lui-même tenant son lever en grand Gala, & dans son plus brillant apparat. « M. du Calvet, » lui dit son excellence, en allant à lui au travers de la foule, « M. du Calvet a eu l’audace de m’adresser une lettre insolente ; je lui apprendrai, si c’est de ce style qu’on écrit à un homme comme moi, & je lui ferai bien changer de note.»

M. Levesque lui répliqua, « j’ai lu la lettre et je n’aurois jamais imaginé qu’elle fut sur un ton à irriter & offenser votre excellence ; après tout, il faudroit pardonner quelque irrégularité, à un homme qui voit son tombeau creusé graduellement tous les jours, sous ses pieds, par les horreurs d’une prison, & sa fortune tombant en décadence & en ruines, & s’écroulant tout à fait chez lui par l’inattention & l’absence. » M. Panet, avocat françois, depuis juge des plaidoyers communs, appuyant de son suffrage ce plaidoyer de l’humanité. Provoqué par des apologies mal-assorties à sa passion, l’impérieux général Haldimand exhala sa fureur par cette arrogante et insultante réplique, « je n’ai pas ici besoin de conseil & d’avis ; à moi seul le droit de juger ; & je procéderai comme il me plaira. » Je défie le despote le plus jaloux et le plus fier de s’arroger un langage plus audacieux & plus superbe : il appert[1]

  1. Ce résumé est extrait de mon mémoire, page 113.