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C’est pour lui conserver cette gloire personnelle, que j’ai commencé par notifier si solennellement au public, que dans ma persécution, il n’avait été d’origine que la dupe imbécile de son confident Mabane : celui-ci n’a pas manqué d’entraîner, à la suite de ses exemples, bien des compagnons et des suppôts de ses cabaleuses suggestions : la faction des Fraser et des de Rouville n’a pu que lui recruter des légions d’adjoints, blasphémant contre ma personne. D’ailleurs, le despotisme en chef enfante des phalanges innombrables de despotes en seconds, de servilité et d’imitation ; l’intérêt, la flatterie, la terreur sont les enfants naturels du despotisme, tout faits et toujours prêts à applaudir aux excès de leur père. Un de nos gentilshommes d’une famille ancienne dans le Canada, et dont le nom figure dans l’histoire des Croisades, ce noble, dis-je, de plus de 500 ans, écho de M. Mabane, qui le soufflait, complimenta servilement le général Haldimand sur ma détention, justement due, dit-il, à un réfractaire qui avait osé braver la judicature de son pays. Me fallait-il donc plier, en victime insensible et stupide, sous la verge de quelques juges prévaricateurs et arbitres oppresseurs de mon innocence ? Le lâche ! le mercenaire, l’esclave du despotisme ! Des milliers de siècles de noblesse ne suffiraient pas pour ennoblir une âme si radicalement enroturée par de si ignobles sentiments.