Page:Du Calvet - Appel à la justice de l'État, 1784.djvu/126

Cette page n’a pas encore été corrigée
[   102   ]


le confronter avec la loi primitive qui le condamnait dans l’origine. Ce fut un dimanche, qui dans tous les empires chrétiens, invalide, par solennité, toutes les procédures civiles, c’est, dis-je, dans ce jour sacré, qu’on m’intima dans ma prison une assignation pour comparaître en cour le lundi, quoiqu’une baïonnette en faction fut apostée pour combattre contre cette comparution ; ce ne fut que le lendemain, dans la matinée destinée pour le jugement, que j’eus le temps de charger un avocat d’intervenir à ma place. L’homme de loi plaida son ignorance de ma cause, qu’il n’avait en mains que depuis quelques heures ; et sur ce fondement de notoriété publique, il conclut par la requête d’un délai jusqu’au terme de huit jours.

Le furieux M. Mabane, un des juges, s’éleva à grands cris contre l’appointement de cette requête, prononçant dans sa colère, que quelques heures suffisaient à un avocat pour se mettre au fait d’une affaire de commerce, quelque épineuse et embrouillée qu’elle pût être, et que d’ailleurs la cour ne devait aucune concession judicielle, à un prisonnier d’État déjà sous les lois militaires de l’État. Sur cette jurisprudence de la nouvelle fabrique de sa passion, il conclut à me condamner sur le champ, sans appel même et sans délai d’exécution. Le général Haldimand, qui ne siégea jamais sur les tribunaux que dans ce jugement, ne rougit pas d’être,