Page:Du Calvet - Appel à la justice de l'État, 1784.djvu/108

Cette page n’a pas encore été corrigée

ayant repris son calme, je me flattai que le siège était fini : point du tout ; les opérations recommencèrent et l’assaut fut renouvelé par deux nouvelles tentatives. J’en fus réduit à monter moi-même la garde, avec tout l’appareil dressé d’une vigoureuse résistance : mais les lâches n’étaient venus que pour abattre du bois sans danger ; ils désertèrent du champ de bataille dès qu’ils suspectèrent qu’il était question de se battre.

L’aurore du jour vint enfin éclairer les tristes reliques des opérations de la nuit : soixante et deux balustres de ma galerie, charpentés et en pièces, couvraient les avenues de la rue de leurs débris et annonçait aux Canadiens les tragédies dont ils pouvaient être menacés chez eux. Quel gouvernement que celui où nos foyers domestiques ne sont pas des asiles sacrés pour la sûreté des personnes ! Mais trêve de réflexions ; les faits se succèdent ici rapidement les uns sur les autres ; ils accablent autant par leur multitude qu’ils révoltent par leur indignités. C’est aux conducteurs de l’État à suppléer ici à l’inactive attention du gouvernement de Québec et à assurer au Canada un plus heureux avenir, à moins que les uns et les autres ne visent à réduire les nouveaux sujets de se retrancher dans leurs forteresses domestiques et de s’y tenir toujours prêt au combat ; et alors que de ruisseaux de sang !…. Mais n’anticipons