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NOTICE

second, « qui n’était pas plus gros qu’une marcotte d’œillet », survécut, malgré la blessure que lui fit un perfide passager. « Cet homme, dit le chevalier de Clieu, dans la lettre que nous venons de citer, jaloux du bonheur que j’allais goûter, d’être utile à ma patrie, et n’ayant pu parvenir à m’enlever ce pied de Café, en arracha une branche ». Arrivé à la Martinique, de Clieu planta son jeune et frêle Cafier qui, comme il le dit fort bien, lui était devenu plus cher par les dangers qu’il avait courus et par les soins qu’il lui avait coûtés. Au bout de dix-huit ou vingt mois, il obtint une récolte abondante, qui lui facilita les moyens de multiplier le précieux arbuste, au point d’en pourvoir assez abondamment la Guadeloupe et la partie française de St.-Domingue. En moins de trois ans, on comptait par millions les Cafiers de nos Antilles.

En 1746, de Clieu revint en France. Il fut présenté à Louis XV, quelque temps après, par Rouillé de Jouy, ministre de la marine, administrateur d’un grand mérite, qui fit valoir celui d’un officier distingué, auquel l’Amérique, la France et le commerce étaient redevables de la plantation et de la culture du Cafier dans nos principales colonies. Le généreux citoyen qui avait mis tant de zèle, de persévérance, de dévouement même, et qui avait dépensé des sommes considérables pour servir sa patrie et son prince, réclama vainement le remboursement d’une partie de ses avances. Toutefois

    Clieu rêve déjà l’ombre de ses rameaux,
    Et croit, en caressant la tige ranimée,
    Respirer en liqueur sa graine parfumée.