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LES AMAZONES,

MÉNALIPPE.

Qu’ai-je fait ! quoi ! l’eſpoir d’avoir vaincu ton bras,
M’a fait en d’autres mains remettre nos combats !
Nul triomphe après toi ne flattant plus ma gloire,
Mon depart imprudent t’a donné la victoire ;
Que le Ciel m’en puniſſe, ou ſerve mon courroux.

THÉSÉE.

Cruelle, mon ami ſuccomba ſous vos coups,
C’est lui qui joint aux Grecs s’arma pour ma vengeance :
La vertu n’a ſouvent qu’elle pour recompenſe ;
Il a perdu la vie en défendant mes jours ;
De ma fureur alors rien n’arrête le cours.
Pour mieux venger ſon ſang, j’ordonne & feins la fuite ;
Votre crédulité par mon art fut ſéduite.
Tandis qu’ici vos mains portoient de vains lauriers,
Je ramene au combat mes plus vaillants guerriers :
Et la Troupe Amazone immolée à leur rage,
Juſqu’ici ſur ſes morts aux Grecs ouvre un paſſage ;
Thémiſcyre effrayée eſt ſoumiſe à mes loix ;
Mais loin d’y commander je vous remets vos droits ;
Reine, daignez reprendre un rang dont ma victoire
Rend hommage au grand nom que vous acquit la gloire.
Il eſt un prix plus cher aux déſirs de mon cœur.