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TRAGEDIE.

Me rend ſur vos périls inquiéte & ſenſible.
Abandonnant pour vous le ſoin de ma grandeur,
Je vous ai trop montré ma crainte & mon ardeur.
Rebelle aux volontés de nos cruels oracles,
Envain pour les changer j’eſpérai des miracles ;
Le Ciel en vous frappant lance ſur moi ſes coups.

THÉSÉE.

Quoi ! vous plaignez mon ſort, quand il dépend de vous ?

ORITHIE.

C’eſt le comble des maux : le deſtin veut encore
Que j’annonce moi-même un arrêt que j’abhorre.
Autour de ce Palais mon peuple mutiné,
Qui même avant les Dieux vous avoit condamné,
Armé par la vengeance attend le ſacrifice.
Je ne puis plus régler ſa haîne ou ſon caprice ;
L’oracle eſt divulgué : l’Etat en eſt inſtruit :
Il faut que je vous livre, ou mon regne eſt détruit.

THÉSÉE.

Armez mon bras, Madame, & par ma ſeule audace
J’éloignerai de vous le coup qui vous ménace.
Pour payer vos bienfaits, au péril de mon ſang,
Je ferai reſpecter les droits de votre rang.
Un peuple mutiné trop ardent dans ſon zéle,