Scène II.
SEigneur, depuis dix ans que mes heureux exploits
Ont élevé mon nom au rang des plus grands Rois,
Le plus brillant ſuccès, le plus cher à ma gloire
Eſt d’enchaîner en vous le bras de la victoire.
Quel triomphe pour moi, d’avoir mis dans mes fers
Ce Héros généreux qu’admire l’Univers ?
Pardonnez à l’Etat flatté de ſa conquête
D’en rendre grâce au Ciel dans ce grand jour de Fête.
Je ne ſuis point ſurpris que ce peuple charmé
Inſulte à la fureur de mon bras déſarmé ;
Mais, Reine, n’attendez ni crainte, ni priére
D’un mortel dont les Dieux ont marqué la carriére.
Seigneur, votre fierté, vos traits, & vos lauriers
Frappérent mes regards parmi tant de guerriers :
Et trouvant pour vous ſeul notre loi trop ſévère,
Je rendis de vos fers la chaîne plus légère,