Page:Du Bocage - Les Amazones, 1749.pdf/21

Cette page a été validée par deux contributeurs.
16
LES AMAZONES,

Cet effort plus qu’humain eſt digne d’Orithie ;
L’amour obſcurciroit l’éclat de votre vie,
Tout vous porte à le fuir.

ORITHIE.

Tout vous porte à le fuir. Je le ſçais ; mais je ſens
Qu’il rend par ſon attrait mes efforts impuiſſans.
Le repos, le courage abandonnent mon ame :
Tremblante pour les jours de l’objet qui m’enflamme,
Je crains ſes feux, ſa haine…

ANTIOPE.

Je crains ſes feux, ſa haine… Eh quoi ! ne ſçait-il pas
Qu’il a par ſa valeur captivé vos appas ?
Ou ſon cœur de l’amour mépriſe-t-il les charmes ?

ORITHIE.

Souvent de ſon empire il ſentit les alarmes ;
Mais il ignore encor le mal qui me pourſuit :
Dans quel gouffre effrayant mon deſtin me conduit !
Dois-je de mes tranſports cachant la violence,
Eſpérer qu’un captif prévienne mon ſilence ?
Non : je n’ai qu’un moment pour pénétrer ſon cœur ;
Eſclave de l’amour, oublions ma grandeur :
Mais comment découvrir mes tourmens à Théſée ?
S’il brûloit d’autres feux, ſi j’étois méprisée :