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AV LECTEVR.


AMY Lecteur, tu trouuerras etrange (peut eſtre) de ce, que i’ay ſi breuement traité vn ſi fertil, & copieux Argument, comme eſt l’Illuſtration de noſtre Poëſie Francoyſe: capable certes de plus grãd ornement, que beaucoup n’eſtiment. Touteſfois tu doibz penſer, que les Arz, & Sciẽces n’õt receu leur perfection tout à vn coup, & d’vne meſme Main : aincoys par ſucceſsion de longues Années, chacun y conferant quelque portion de ſon Induſtrie, ſont paruenues au point de leur excellẽce. Recoy donques ce petit Ouuraige, comme vn Deſſeing, & Protraict de quelque grand & laborieux Edifice, que i’entreprẽdray (poſsible) de conduyre, croiſſant mon Loyſir, & mon Scauoir: & ſi ie cõgnoy’ q̃ la Nation Frãcoyſe ait agreable ce miẽ bõ vouloir (vouloir dy-ie) qui aux plus grandes choſes a touſiours merité quelque louange. Quant à l’Orthographe, i’ay plus ſuyuy le commun, & antiq’ vſaige, que la Raiſon: d’autãt que cete nouuelle (mais legitime à mon iugement) facon d’ecrire eſt ſi mal receue en beaucoup de lieux, que la nouueauté d’icelle euſt peu rendre l’Oeuure non