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la ie n’ay entrepris de ſatisfaire. A ceux cy ie veux bien (ſ’il m’eſt poſsible) faire changer d’opinion par quelques raiſons, que brefuemẽt i’eſpere deduyre : non que ie me ſente plus cler voyant en cela, ou autres choſes, qu’ilz ne ſont, mais pour ce q̃ l’affection qu’ilz portent aux lãgues eſtrãgieres, ne permet qu’ilz veillẽt faire ſain, & entier iugement de leur vulgaire.


Que la Langue Francoyſe ne doit eſtre nommée barbare.
Chap. i i.



POur commencer donques à entrer en matiere, quand à la ſignificatiõ de ce mot Barbare : Barbares anciẽnement etoint nõmez ceux, ꝗ ĩeptemẽt ꝑloint Grec. Car cõme les etrãgers venans à Athenes ſ’efforcoint de parler Grec, ilz tũboint ſouuẽt en ceſte voix abſurde βάρϐαρας. Depuis les Grecz trãſportarent ce nõ aux meurs brutaux, & cruelz, appellant toutes nations hors la Grece, Barbares. Ce qui ne doit en riẽ diminuer l’excellẽce de notre Langue : veu q̃ ceſte arrogãce Greque, admiratrice ſeulemẽt de ſes inuentiõs, n’auoit loy ny priuilege de legitimer ainſi ſa Nation, & abatardir