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& la diuerſité des·Occaſions ſont innumerables. Ie me contenteray de parler des deux premieres ſcauoir de l’Inuention, & de l’Eloquution. l’Office donques de l’Orateur eſt de chacune ch0se propoſée elegamment, & copieuſement parler. Or ceſte faculté de parler ainſi de toutes choſes, ne le peut acquerir que par l’Intelligence parfaite des Sciences, les queles ont eté premieremẽt traitées par les Grecz, & puis par les Romains Imitateurs d’iceux. Il fault donques neceſſairement q̃ ces deux Langues ſoint entendues de celuy, qui veut acquerir cete copie, & richeſſe d’Inuention, premiere, & principale Piece du Harnoys de l’Orateur. Et quand à ce poinct, les fideles Traducteurs peuuent grandement ſeruir, & ſoulaiger ceux qui n’ont le moyen Vnique de vacquer aux Langues eſtrangeres. Mais quand à l’Eloquution, partie certes la plus difficile, & ſans la quelle toutes autres choſes reſtent comme Inutiles, & ſemblables à vn Glayue encores couuert de ſa Gayne : Eloquution (dy ie) par la quelle Principalement vn Orateur eſt iuge plus excellent, & vn Genre de dire meilleur, que l’autre : comme celle, dont eſt apellée la meſme Eloquence : & dont la vertu giſt aux motz propres, vſitez, & non aliénes du commun vſaige de parler : aux Methaphores, Alegories, Cõparaiſons, Similitudes, Energies, & tant d’autre figures, & ornemẽs, ſans les quelz