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mierement reſtitué tous les bons Ars, & Sciẽces en leur ancienne dignité : & ſi à noſtre Langaige, au parauant ſcabreux, & mal poly, rendu elegant, & ſi non tant copieux, qu’il pourra bien eſtre, pour le moins fidele Interprete de tous les autres. Et qu’ainſi ſoit, Philoſophes, Historiẽs, Medecins, Poëtes, Orateurs Grecz, & Latins, ont appris à parler Francois. Que diray-ie des Hebreux ? Les Saintes lettres donnent ample temoignaige de ce que ie dy. Ie laisserai en ceſt endroict les ſuperſtitieuſes raiſons de ceux, qui ſoutiennent que les myſteres de la Theologie ne doiuent eſtre decouuerts, & quaſi comme prophanez en langaige vulgaire, & ce que vont allegãt ceux qui ſont d’opinion contraire. Car ceſte Diſputation n’eſt propre à ce, que i’ay entrepris, qui eſt ſeulement de montrer que noſtre Langue n’ha point eu à ſa naiſſance les Dieux, & les Aſtres ſi ennemis, qu’elle ne puiſſe vn iour paruenir au point d’excellence, & de perfection auſsi bien que les autres, entendu que toutes Sciẽces ſe peuuent fidelement, & copieuſement traiter en icelle, comme on peut voir en ſi grand nombre de Liures Grecz, & Latins, voyre bien Italiens, Eſpaignolz, & autres traduictz en Francoys, par maintes excellentes plumes de noſtre tens.

Que