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Que la Langue francoyſe n’eſt ſi pauvre que beaucoup l’eſtiment
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IE n’eſtime pourtant noſtre vulgaire, tel qu’il eſt maintenant, eſtre ſi vil, & abiect, cõme le font ces ambicieux admirateurs des Langues Grecque, & Latine, qui ne penseroint & feuſſent ilz la meſme Pithô, Déeſſe de perſuaſion, pouuoir rien dire de bon, ſi n’étoit en Langaige etranger, & non entendu du vulgaire. Et qui voudra de bien pres y regarder, trouuera que noſtre Langue Francoyſe n’eſt si pauure, qu’elle ne puyſſe rendre fidelement ce qu’elle emprunte des autres, ſi infertile, qu’elle ne puyſſe produire de ſoy quelque fruict de bonne inuention, au moyen de l’induſtrie, & diligence des cultiueurs d’icelle, ſi quelques vns ſe treuuent tant amys de leur paĩz, & d’eux meſmes qu’ilz l’y veillent employer. Mais à qui apres Dieu rendrons nous graces d’vn tel benefice, ſi nõ à noſtre feu bon Roy, & Pere Francoys premier de ce nom, & de toutes vertuz ? ie dis premier, d’autant qu’il a en ſon noble Royaume pre-