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mechant Populaire !
O que je hay ce faulx peuple ignorant !
Doctes espris, favorisez les vers
Que veult chanter l’humble prestre des Muses.
Te plaise donc, ma Roine, ma Déesse,
De ton sainct nom les immortalizer,
Avec’ celuy qui au temple d’Amour
Baize les piez de ta divine image.
O toy, qui tiens le vol de mon esprit,
Aveugle oiseau, dessile un peu tes yeux,
Pour mieulx tracer l’obscur chemin des nues.
Et vous, mes vers, delivres et legers,
Pour mieulx atteindre aux celestes beautez,
Courez par l’air d’une aele inusitée.

CXV

De quel soleil, de quel divin flambeau
Vint ton ardeur ? lequel des plus haulx Dieux,
Pour te combler du parfaict de son mieulx,
Du Vandomois te fist l’astre nouveau ?
Quel cigne encor’ des cignes le plus beau
Te prêta l’aele ? et quel vent jusq’aux cieulx
Te balança le vol audacieux,
Sans que la mer te fust large tombeau ?
De quel rocher vint l’eternelle source,
De quel torrent vint la superbe course,
De quele fleur vint le miel de tes vers ?
Montre le moy, qui te prise, et honnore,
Pour mieulx haulser la Plante que j’adore
Jusq’à l’egal des Lauriers tousjours verds.


Musagnoeomachie et aultres œuvres poëtiques