Page:Du Bellay - L'olive augmentee depuis la premiere edition, 1550.djvu/73

Cette page n’a pas encore été corrigée

Dedans le clos des occultes Idées,
Au grand troupeau des ames immortelles
Le Prevoyant a choisi les plus belles,
Pour estre à luy par luymesme guidées.
Lors peu à peu devers le ciel guindées
Dessus l’engin de leurs divines aeles
Vollent au seing des beautez eternelles,
Où elle’ sont de tout vice emondées.
Le Juste seul ses eleuz justifie,
Les reanime en leur premiere vie,
Et à son filz les faict quasi egaulx.
Si donq’ le ciel est leur propre heritage,
Qui les poura frauder de leur partage
Au poinct, qui est l’extreme de tous maulx ?

CXIII

Si nostre vie est moins qu’une journée
En l’eternel, si l’an qui faict le tour
Chasse noz jours sans espoir de retour,
Si perissable est toute chose née,

Que songes-tu mon ame emprisonnée ?
Pourquoy te plaist l’obscur de nostre jour,
Si pour voler en un plus cler sejour,
Tu as au dos l’aele bien empanée ?

Là, est le bien que tout esprit desire,
Là, le repos où tout le monde aspire,
Là, est l’amour, là, le plaisir encore.

Là, ô mon ame au plus hault ciel guidée !
Tu y pouras recongnoistre l’Idée
De la beauté, qu’en ce monde j’adore.

CXIV

Arriere, arriere, ô