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Dieu, qui changeant avec’ obscure mort
Ta bienheureuse, et immortelle vie,
Fus aux pecheurs prodigue de ta vie,
Pour les tirer de l’eternelle mort :
Celle pitié coupable de ta mort
Guide les paz de ma facheuse vie,
Tant, que par toy à plus joyeuse vie
Je soy’ conduit du travail de la mort.
N’avise point, ô Seigneur ! que ma vie
Se soit noyée aux ondes de la mort,
Qui me distrait d’une si doulce vie.
Oste la palme à cet’ injuste mort,
Qui jà s’en va superbe de ma vie,
Et morte soit tousjours pour moy la mort.

CXI

Voicy le jour, que l’eternel amant
Fist par sa mort vivre sa bien aimée :
Qui telle mort au cœur n’a imprimée,
O seigneur Dieu ! est plus que dyamant.
Mais qui poura sentir ce doulx torment,
Si l’ame n’est par l’amour enflammée ?
Soufle luy donc, pour la rendre allumée,
L’esprit divin de ton feu vehement.
Pleurez mes yeulx, de sa mort la memoire,
Chantez mes vers, l’honneur de sa victoire,
Et toy, mon cœur, fay luy son deu hommage.
O que mon Roy est invincible, et fort !
O qu’il a faict grand gaing de son dommage !
Qui en mourant triomphe de la mort.

CXII