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Dieu, qui pour l’humaine race
As esté seul de ton pere envoyé !
Guide les pas de ce cœur devoyé ;
L’acheminant au sentier de ta grace.
Tu as premier du ciel ouvert la trace,
Par toy la mort a son dard etuyé :
Console donq’ cet esprit ennuyé,
Que la douleur de mes pechez embrasse.
Vien, et le braz de ton secours apporte
A ma raison, qui n’est pas assez forte,
Vien eveiller ce mien esprit dormant.
D’un nouveau feu brusle moy jusq’à l’ame,
Tant que l’ardeur de ta celeste flamme
Face oublier de l’autre le torment.

CIX

Pere du ciel, si mil’ et mile fois
Au gré du corps, qui mon desir convie,
Or que je suis au printemps de ma vie,
J’ay asservi et la plume, et la voix,
Toy, qui du cœur les abismes congnois,
Ains que l’hiver ait ma force ravie,
Fay moy brusler d’une celeste envie,
Pour mieux goûter la douceur de tes loix.
Las ! si tu fais comparoitre ma faulte
Au jugement de ta majesté haulte,
Où mes fortaictz me viendront accuser,
Qui me pourra deffendre de ton ire ?
Mon grand peché me veult condamner, Sire,
Mais ta bonté me peult bien excuser.

CX