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des Graces allié,
Que ta vertu, la Muse, et la Nature
Ont par destin, et non par avanture,
Avec le mien etroitement lié !
O de mon cœur la seconde moitié !
Si de ton feu quelque scintile dure,
Soulage un peu le torment que j’endure,
Me consolant d’excuse, ou de pitié.
Inspire moy les tant doulces fureurs,
Dont tu chantas celle fiere beauté,
Qui t’aveugla à semblables erreurs.
Ainsi d’Amour le feu puisse descendre,
Pour amolir cet’ humble cruauté,
En l’estommac de ta froide Cassendre.

CVII

Sus, sus mon ame, ouvre l’œil, et contemple
L’arc triomphal de l’amour supernel,
Qui pour laver ton peché paternel
Porta le faix de ta perte si ample.
Là, de pitié est le parfaict exemple :
Sus donc mes vers, d’un vol sempiternel
Portez mes vœux en son temple eternel,
Le cœur fidele est de Dieu le sainct temple.
S’il a servi pour rendre l’homme franc,
S’il a purgé mes pechez de son sang,
Et s’il est mort pour ma vie asseurer,
S’il a goûté l’amer de mes douleurs,
Prodigues yeulx, ne devez-vous pleurer
D’avoir sans fruit dependu tant de pleurs ?

CVIII

O seigneur