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a dict vray, seiche pour moy l’ombrage
De l’arbre sainct, ornement de mes vers,
Mon nom sans bruit erre par l’univers,
Pleuve sur moy du ciel toute la rage.
S’il a dict vray, de mes soupirs l’orage,
De cruauté les durs rochers couvers,
De desespoir les abismes ouvers,
Et tout peril conspire en mon naufrage.
S’il a menti, la blanche main d’yvoire
Ceigne mon front des fueilles que j’honnore :
Les astres soient les bornes de ma gloire :
Le ciel bening me decouvre sa trace :
Voz deux beaux yeux, deux flambeaux que j’adore,
Guident ma nef au port de vostre grace.

XCIX

O faulse vieille ! ô fille de l’Envie,
Et de l’Amour, fille qui à ton pere
As enfanté dommage, et vitupere,
En corrompant le miel de nostre vie !
O gehinne ! ô fleau de nostre fantasie,
Qui jusqu’en l’ame as ton cruel’ repere !
O le seul mal du bien, que l’on espere !
Faulse aveuglée, inique Jalousie !
Vent pestilent, air infect qui apportes
La mort au cœur par plus de mile portes,
Sale harpie, oiseau de triste augure !
Tu es le mal, qui ne craint, ô superbe !
Emplastre, unguent, just de racine ou d’herbe,
Vers enchanté, ou magique figure.

C

Vieille, qui prens de crainte