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ilz du jaloux inhumain,
Quand tu pillas d’une trop docte main
La proye en vain de Pluton retenue :
L’horrible Dieu, qui tonne sur la nue,
Meu justement pour son frere germain,
Darda les traictz vangeurs du sort humain,
Te foudroyant, de sa flamme congneue.
La moy chetif ! qui l’oblivieux bord,
Malgré l’Enfer, Acheron, et son port,
Ay depouillé de sa plus riche proye !
Celle que j’ay faict compaigne des Dieux,
Me bat, me poingt, me brusle, me foudroye
Par les doulx traictz qui sortent de ses yeulx.
  
XCI
Rendez à l’or cete couleur, qui dore
Ces blonds cheveux, rendez mil’ autres choses :
A l’orient tant de perles encloses,
Et au Soleil ces beaux yeulx, que j’adore.
Rendez ces mains au blanc yvoire encore,
Ce seing au marbre, et ces levres aux roses,
Ces doulx soupirs aux fleurettes decloses,
Et ce beau teint à la vermeille Aurore.
Rendez aussi à l’Amour tous ses traictz,
Et à Venus ses graces, et attraictz :
Rendez aux cieulx leur celeste harmonie.
Rendez encor’ ce doulx nom à son arbre,
Ou aux rochers rendez ce cœur de marbre,
Et aux lions cet’ humble felonnie.