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onner cete grand’ forme ronde,
Et l’enrichir de ses thesors divers,
Courbant sur nous son temple aux yeulx ouvers,
Separa l’air, le feu, la terre, et l’onde,
Et pour tirer les semences du monde
Sonda le creux des abismes couvers :
Non autrement ô l’ame de ma vie !
Tu feus à toy par toymesme ravie,
Te voyant peinte en mon affection.
Lors ton regard d’un accord plus humain
Lia mes sens, où Amour de sa main
Forma le rond de ta perfection.
  
LXV
Ces cheveux d’or, ce front de marbre, et celle
Bouche d’œillez, et de liz toute pleine,
Ces doulx soupirs, cet’ odorante haleine,
Et de ces yeulx l’une et l’autre etincelle,
Ce chant divin, qui les ames rapelle,
Ce chaste ris, enchanteur de ma peine,
Ce corps, ce tout, bref, cete plus qu’humeine
Doulce beauté si cruellement belle,
Ce port humain, cete grace gentile,
Ce vif esprit, et ce doulx grave stile,
Ce hault penser, cet’ honneste silence,
Ce sont les haims, les appaz, et l’amorse,
Les traictz, les rez, qui ma debile force
Ont captivé d’une humble violence.