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que j’endure.
  
LVI
Amour voulant hausser le chef vainqueur
Dessus la crainte à la noire sequelle,
Mist l’esperance, et sa bande avec’ elle,
Sa bande blanche au plus fort de mon cœur.
Amour est fort, mais foible est la vigueur
De l’esperance, et la tourbe cruelle
A ceinct le lieu d’horreur perpetuelle,
Le foudroyant du canon de rigueur.
Mais repoussez l’effort de la gent noire,
Vous, qui tenez le sort de la victoire,
N’avez-vous point de voz subjects emoy ?
Si vous souffrez que cete prise advienne,
Vous y aurez plus grand’ perte, que moy,
Veu que la place est plus vostre, que mienne.
  
LVII
Qui a nombré, quand l’astre, qui plus luit,
Jà le milieu du bas cercle environne,
Tous ces beaux feux, qui font une couronne
Aux noirs cheveux de la plus clere nuit,
Et qui a sceu combien de fleurs produit
Le verd printemps, combien de fruictz l’autonne,
Et les thesors, que l’Inde riche donne
Au marinier, qu’avarice conduit.
Qui a conté les etincelles vives
D’Aetne, ou Vesuve, et les flotz qui en mer
Hurtent le front des ecumeuses rives :
Celuy encor’ d’une, qui tout excelle,
Peult les vertuz, et beautez estimer,
Et les tormens que j’ay pour l’amour d’elle.
  
LVIII
Cet’ humeur