commencement des choses,
Des Dieux marins le sceptre vertueux,
Qui maint ruisseau, et fleuve impetueux
En ton seing large enfermes, et composes :
Tu ne sens point, quand moins tu te reposes,
Plus s’irriter de flotz tempestueux
Contre tes bords ; qu’en mon cœur fluctueux
Je sen’de ventz, et tempestes encloses.
Helas reçoy mes chaudes larmes donques
En ton liquide : eteins leur feu, si onques
Tu as senty d’amour quelque scintile,
Et si tes eaux peuvent le feu eteindre,
Qui rend la foudre, et trident inutile,
Et qui se faict jusques aux enfers creindre.
XLIX
Sacré rameau, de celeste presage,
Rameau, par qui la colombe envoyée,
Au demeurant de la terre noyée
Porta jadis un si joyeux message.
Heureux rameau, soubz qui gist à l’ombrage
La doulce paix icy tant desirée,
Alors que Mars, et la Discorde irée
Ont tout remply de feu, de sang, de rage :
S’il est ainsi que par les sainctz escriptz
Sois tant loué, helas ! reçoy mes criz,
O mon seul bien ! ô mon espoir en terre !
Qui seulement ne me temoignes ores
Paix, et beautemps : mais toymesmes encores
Me peulx sauver de naufrage et de guerre.