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telz ne les veulx dire,
 Mais bien un vent : car tant plus je soupire,
 Moins de mon feu la chaleur diminue.
Ma vie en est toutesfois soutenue,
 Lors que par eulx de l’ardeur je respire,
 Ma peine aussi par eulx mesmes empire,
 Veu que ma flamme en est entretenue.
Tout cela vient de l’Amour, qui enflamme
 Mon estommac d’une eternelle flamme,
 Et puis l’evente au tour de luy volant.
O petit Dieu, qui terre, et ciel allumes !
 Par quel miracle en feu si violant
 Tiens-tu mon cœur, et point ne le consumes ?

XLIII

Penser volage, et leger comme vent,
 Qui or’au ciel, or’en mer, or’en terre
 En un moment cours, et recours grand erre,
 Voire au sejour des ombres bien souvent.
Et quelque part que voises t’eslevant,
 Ou rabaissant, celle qui me faict guerre,
 Celle beauté tousjours devant toy erre,
 Et tu la vas d’un leger pié suyvant.
Pourquoy suis-tu (ô penser trop peu sage !)
 Ce qui te nuist ? pourquoy vas-tu sans guide,
 Par ce chemin plein d’erreur variable ?
Si de parler au moins eusses l’usage,
 Tu me rendrois de tant de peines vide,
 Toy en repos, et elle pitoyable.

XLIV

Au goust de l’eau la fievre se rappaise,
 Puis s’evertue