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Bien que le mal, que pour vous je supporte,
 Soit violent, toutesfois je ne l’ose
 Appeller mal, pour ce qu’aucune chose
 Ne vient de vous, qui plaisir ne m’apporte.
Mais ce m’est bien une douleur plus forte
 Que je ne puys de ma tristesse enclose
 Tourner la clef, lors que je me dispose
 A vous ouvrir de mes pensers la porte.
Si donc mes pleurs, et mes soupirs cuysans
 Si mes ennuiz ne vous sont suffisans
 Temoings d’amour, quele plus seure preuve.
Quele autre foy, si non mourir, me reste :
 Mais le remede (helas) trop tard se treuve
 A la douleur, que la Mort manifeste.

XXXI

Le grand flambeau gouverneur de l’année,
 Par la vertu de l’enflammée corne
 Du blanc thaureau, prez, montz, rivaiges orne
 De mainte fleur du sang des princes née.
Puis de son char la roüe estant tournée
 Vers le cartier prochain du Capricorne,
 Froid est le vent la saison nue et morne,
 Et toute fleur devient seiche, et fenée.
Ainsi, alors que sur moy tu etens
 O mon Soleil ! tes clers rayons epars,
 Sentir me fais un gracieux printens.
Mais tout soudain que de moy tu depars,
 Je sens en moy venir de toutes pars
 Plus d’un hyver, tout en un mesme tens.

XXXII

Tout ce, qu’icy la Nature environne,