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ecoutes mes pleurs,
 Et qui errant entre rochiers et bois
 Avecques moy : m’as semblé maintesfoys
 Avoir pitié de mes tristes douleurs.
Voix qui tes plainz mesles à mes clameurs,
 Mon dueil au tien, si appeller tu m’oys
 Olive Olive : et Olive est ta voix,
 Et m’est avis, qu’avecques moy tu meurs.
Seule je t’ay pitoyable trouvée.
 O noble Nymphe ! en qui (peult estre) encores
 L’antique feu de nouveau s’evertue.
Pareille amour nous avons eprouvée,
 Pareille peine aussi nous souffrons ores.
 Mais plus grande est la beaulté, qui me tue.

XXV

Je ne croy point, veu le dueil que je meine
 Pour l’apre ardeur d’une flamme subtile,
 Que mon œil feust en larmes si fertile,
 Si n’eusse au chef d’eau vive une fonteine.
Larmes ne sont, qu’avecq’si large vene
 Hors de mes yeux maintenant je distile,
 Tout pleur seroit à finir inutile
 Mon dueil, qui n’est qu’au meillieu de sa peine.
L’humeur vitale en soy toute reduite
 Devant mon feu craintive prent la fuyte
 Par le sentier, qui meine droict aux yeux.
C’est cete ardeur, dont mon ame ravie
 Fuyra bien tost la lumiere des cieux,
 Tirant à soy et ma peine et ma vie.