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on doibt croyre,
 Plus doulx que miel, couloit aux yeulx lassez
 Lors que d’amour les plaisirs amassez
 Entrent en moy par la porte d’ivoyre.
J’avoy’lié ce col de marbre : voyre
 Ce sein d’albastre en mes bras enlassez
 Non moins qu’on void les ormes embrassez
 Du sep lascif, au fecond bord de Loyre.
Amour avoit en mes lasses mouëlles
 Dardé le traict de ses flammes cruelles,
 Et l’ame erroit par ces levres de roses.
Preste d’aller au fleuve oblivieux
 Quand le reveil de mon ayse envieux
 Du doulx sommeil a les portes decloses.

XV

Pié, que Thétis pour sien eust avoué,
 Pié, qui au bout monstres cinq pierres telles,
 Que l’orient seroit enrichi d’elles,
 Cil orient en perles tant loué.
Pié albastrin, sur qui est appuyé
 Le beau sejour des graces immortelles,
 Qui feut baty sur deux coulonnes belles
 De marbre blanc, poly, et essuyé.
Si l’œil n’a plus de me nourir esmoy,
 Si ses thesors la bouche ne m’octroye,
 Si les mains sont en mes playes si fortes,
Au moins (ô pié) n’esloingne point de moy
 Mon triste cœur, dont Amour a faict proye,
 L’emprisonnant en ce corps, que tu portes.

XVI

Qui a peu voir celle, que Déle adore,
 Se devaler de son cercle congneu,
 Vers le pasteur d’un long sommeil tenu
 Dessus le mont, qui la Carie honore.
Et qui a veu sortir la belle Aurore
 Du jaulne lict de son espoux chenu